DE GRANDES INNOVATIONS
L'INTELLIGENCE
ARTIFICIELLE
Vicky et sa grand-mère sont dans le salon avec Mukwa à leurs côtés. Voyant que son aïeule voudrait mettre une chanson de sa jeunesse, mais qu’elle ne retrouve pas le disque, l’enfant en profite pour demander à leur assistant personnel intelligent de jouer le morceau. La musique retentit immédiatement dans tout le chalet. Quelle révolution ces applications intelligentes! Tout en écoutant la chanson, la grand-mère se demande quand tout cela a commencé.
Viens mon enfant, et si on demandait à ton assistant de nous raconter l’histoire de l’intelligence artificielle?
Vicky demande : “Qu’est-ce que l’on appelle intelligence artificielle?” Une voix légèrement robotique commence alors le récit. L’intelligence artificielle, ou IA, est un sous-domaine de l’informatique qui fait appel à la science cognitive et à l’ingénierie. Ce domaine d’étude vise à développer des machines capables d’imiter certaines capacités humaines, dites intelligentes.
Dès 1950, dans son célèbre article “Computing Machinery and Intelligence”, le mathématicien Alan Turing se demandait si une machine pourrait faire preuve d’une intelligence similaire à celle de l’humain. Selon lui, si une machine pouvait tenir une conversation, elle pouvait être considérée intelligente.
Qu’est-ce que tu en penses toi? demande la grand-mère à l’enfant, qui fronce les sourcils en réfléchissant sérieusement à cette question philosophique. Tout en poursuivant leur réflexion, les deux auditeurs s’installent confortablement dans le canapé pour poursuivre l’exploration de cette innovation. Un pied dans le passé et un autre dans le futur.
En 1956 a eu lieu la conférence de Dartmouth, un atelier scientifique réunissant plusieurs chercheurs américains. C’est lors de cette conférence que l'appellation “intelligence artificielle” a été adoptée. C’est aussi à ce moment que l’intelligence artificielle est devenue un domaine de recherche indépendant de celui de l’informatique. À partir de là, de nombreuses recherches ont tenté de développer des machines intelligentes.
Ainsi, dès les années 60 sont apparus les premiers “systèmes experts”. Il s’agit de logiciels informatiques capables de se comporter comme des experts humains en se basant sur la logique et en traitant un très grand nombre de données préenregistrées. Un de ces systèmes experts, appelé DENDRAL, a été développé par un généticien et microbiologiste renommé, Joshua Lederberg, un informaticien, Edward Albert Feigenbaum, et un chimiste, Carl Djerassi. Il avait pour objectif de procéder à l’analyse chimique de matériaux.
Un sacré travail d’équipe s’exclame la grand-mère! Mais ce n’est pas facile de reproduire l’intelligence humaine j’imagine, ajoute-t-elle. En effet, l’assistant personnel poursuit son rapport historique et souligne le fait que de nombreuses recherches ont été menées avec l’intention de développer des systèmes experts efficaces, mais que toutes n’ont pas réussi, loin de là. Il mentionne les succès de MYCIN qui, dans les années 70, s’est montré capable d’offrir des conseils médicaux à des patients aux prises avec des infections bactériennes.
En tenant compte des résultats d’analyses de laboratoire, des symptômes et des données personnelles d’un malade, il pouvait même prendre en compte un certain degré d’incertitude, tout comme les humains le feraient. L’assistant mentionne aussi Xcon, un logiciel capable de sélectionner par
lui-même les pièces informatiques dont les clients avaient besoin pour réparer leur ordinateur. Et ce, avec un excellent taux d’efficacité! La grand-maman met l’assistant sur pause. Toute cette intelligence artificielle me fait penser à quelque chose.
Toi qui joues aux échecs avec ton grand-père, tu sais combien il s’agit d’un jeu de stratégie complexe. Eh bien, un jour, nous avons été témoins de quelque chose de vraiment surprenant : une compétition d’échecs entre un humain et un ordinateur. L’humain c’était Gary Kasparov, le grand champion d’origine soviétique. En février 1996, il s’est mesuré au supercalculateur américain, appelé “Deep blue”. Et tu sais quoi? Même si Gary Kasparov a été considéré gagnant sur l’ensemble des parties, les résultats du supercalculateur ont été vraiment étonnants.
Et un an plus tard, en mai 1997, après avoir été perfectionné, le supercalculateur renommé “Deeper blue” a pris sa revanche et a battu Gary Kasparov! Tu t’imagines, le meilleur joueur d’échecs au monde venait de se faire battre par une machine! On n’en croyait pas nos yeux! Quelques années plus tard, en février 2011, l’IA s’est aussi illustrée dans le domaine des jeux questionnaires grâce aux prouesses de Waston, un programme informatique qui a battu, en direct, les deux plus grands champions de Jeopardy! C’est bien pour dire, les jeux ne sont plus ce qu’ils étaient!
Quand j’étais jeune, on nous disait que le 21e siècle serait le siècle des robots. D’ailleurs dans les films des années 90, les robots ont envahi les écrans. On en voyait absolument partout! Certains de ces films de science-fiction nous faisaient même un peu peur tellement les machines qui y tenaient la vedette étaient puissantes. Un peu comme les super-héros des mangas japonais dont tu me parles si souvent! À l’évocation de ses idoles, Vicky fait un plongeon en piqué dans le sofa en criant “garde à vous les robots!”, ce qui fait sourire sa Mamidouce.
«Le 21e siècle sera le siècle des robots.»
L’intelligence artificielle a déjà un grand impact sur notre vie quotidienne. Tu te souviens de notre problème avec la connexion internet? C’est un robot de clavardage qui nous a aidé à le résoudre! Évidemment, bien que le domaine de l’intelligence artificielle soit créateur d’emploi, le risque c’est que des employés soient de plus en plus souvent remplacés par des robots. C’est important que nous y réfléchissions sérieusement et que nous fassions des choix judicieux avec l’IA. Vicky hoche la tête, sensible à la préoccupation de sa grand-mère.
Une autre inquiétude exprimée dans un article que j’ai lu, c’est que les techniques de l’apprentissage automatique se basent sur de grandes quantités de données numériques qui sont fournies par des humains. Le problème qui en découle, c’est que ces programmes ont tendance à reproduire les travers des humains. Ils peuvent donc renforcer le racisme, le sexisme et d’autres préjugés qui sont déjà présents dans la société. Aussi, les technologies d’IA soulèvent des débats intenses par rapport à l’utilisation des renseignements personnels et au respect de la vie privée.
C’est sûr que je n’aimerais pas qu’un ordinateur puisse deviner avant que je ne le sache moi-même ce que je vais choisir de cuisiner pour le souper s’exclame la grand-mère! Par contre, moi je suis une vraie sorcière à l’intelligence naturelle, puisque je sais déjà ce qui va te faire saliver, ajoute-t-elle avec un sourire en coin tout en sortant les biscuits à la citrouille du four. Des parfums de cannelle, de muscade et de clou de girofle embaument la pièce. Vicky se précipite vers elle, heureux de serrer sa cuisinière préférée, toute en chair et en os, dans ses bras!